keramiek van roger capron

Roger Capron: la céramique pour tous

A la faveur d’émissions d’enchères télévisées, mais aussi surtout suite au retour en grâce, dans la décoration d’intérieur, du mobilier des décennies 1960-1970, ces dernières années, le travail du céramiste français Roger Capron a vu sa cote s’envoler. Sa devise : « Faire du beau à la portée de tous ».

TEXTE: Christophe Dosogne

En 1980, la carrière productive de Roger Capron, tout comme sa grande créativité, étaient récompensées par l’obtention du Grand Prix International de Céramique, lors de la Biennale de la céramique d’Art de Vallauris, en France. Toutefois, ses dernières œuvres furent, jusqu’à son décès, qualifiées de « ringardes » par une grande partie de la critique de l’époque, raison parmi d’autres qui vit les amateurs comme le grand public se détourner d’un travail qui tomba peu à peu dans l’oubli. Ainsi, tout au plus qualifiée de « cliché », voire même de « belle brocante » dans les années 1990, il fallut attendre l’an 2000 et la parution d’un article du New York Times pour voir évoluer la perception de sa production emblématique des Trente Glorieuses. Dithyrambique, le texte qualifiait la démarche de Roger Capron (1922-2006) de « celle de l’un des artisans les plus prolifiques et les plus importants du design européen d’après-guerre ». Selon l’agrégateur d’enchères Artprice, depuis 2010, son œuvre n’a cessé de s’apprécier, ainsi qu’en témoigne encore le record obtenu, en avril 2022, pour un très grand claustra, adjugé 42.000 euros par Piasa à Paris. Aujourd’hui, les créations de ce designer prolifique s’envolent généralement pour plusieurs milliers d’euros. Les vases comptent parmi les pièces particulièrement recherchées par les collectionneurs, car ils combinent à la fois une approche décorative et sculpturale, témoignant de la diversité des techniques mises en œuvre par le céramiste. Nombreuses sont également les pièces de vaisselle peinte (coupes, plats, assiettes, tasses), tandis que son mobilier, notamment ses tables, trouvent à nouveau leur place dans des intérieurs à l’esthétique Sixties et Seventies revisitée. Généralement dotées de pieds en acier, en métal laqué noir ou parfois en bois (tous étant amovibles), elles s’ornent de plaques de céramique décorée, qu’il est donc possible d’accrocher au mur, et peuvent s’adjuger jusqu’à 15.000 euros aux enchères, pour une table de salle à manger créée vers 1950. Les luminaires et autres pieds de lampe s’arrachent également en raison de leur originalité et de leur grande valeur décorative. Un exemplaire était ainsi adjugé 7.560 euros (frais inclus) par Sotheby’s Paris, en décembre 2020. Plus rares, tardives et singulières, ses sculptures d’inspiration africaines n’en sont pas moins recherchées, s’adjugeant le plus souvent pour quelques milliers d’euros.

CERAMIQUE INDUSTRIELLE

Né à Vincennes, Roger Capron s’intéresse d’abord au dessin, décidant d’étudier cette discipline à l’Ecole des Arts appliqués de Paris, entre 1938 et 1943, avant de l’enseigner à l’issue de la guerre dans le même établissement. La même année, il découvre la céramique qui le passionne.