L’artiste français Abdelkader Benchamma sait comme nul autre vous faire entrer dans le dessin. Sélectionné parmi les lauréats du Prix Marcel Duchamp 2024, il bénéficie également d’une première exposition personnelle aux Pays-Bas, au Noordbrabants Museum de Den Bosch, en une nouvelle installation de dessins qui transforment l’espace, voyage transhistorique le reliant à Bosch et à Breughel.
Entrer dans le dessin d’Abdelkader Benchamma (1975), c’est un peu comme pénétrer dans des mondes parallèles. L’artiste d’origine algérienne vit et travaille entre Paris et Montpellier, mais crée également in situ. Il réalise principalement des dessins à l’encre, en noir-blanc, avec toutes les nuances de gris possibles et, ces dernières années, ici et là, quelques touches de couleur. Benchamma dessine ses installations directement sur le mur, sans croquis préparatoire. Souvent, des dessins y sont intégrés, s’évadant des cadres et se déversant dans l’espace. Il peut s’agir de tourbillons sur les murs et le plafond, qui déstabilisent et désorientent le spectateur, comme lors de la Biennale de Sharjah en 2017. Mais, tous ses dessins sont comme des courants d’énergie ondulant sur des murs blancs, propulsés sous nos yeux par des forces invisibles. Si son œuvre semble souvent abstraite, y surgissent pourtant toutes sortes de choses : coulées de lave, paysages montagneux, minéraux, plaques tectoniques, cartes géologiques, tornades, explosions, forces cosmiques, mondes extraterrestres…
LES PORTES DE LA PERCEPTION
L’œuvre Arbres – Mondes Souterrains (2023) fait partie de l’exposition personnelle du Noordbrabants Museum. Un sentier nu, bordé d’arbres de part et d’autre, large au premier plan, s’enfonce dans la forêt sombre. Il s’agit d’un diptyque dessiné à l’encre et à la peinture acrylique sur papier marouflé sur toile. L’année dernière, la Galerie Templon le présentait à Art Basel Paris. Ce grand format était accroché assez bas, comme pour inviter le spectateur à emprunter ce chemin, mais aussi l’avertir de garder ses distances : le feuillage fantasque évoque des flammes vacillantes et les troncs serpentent dans tous les sens.