Heinz en Nicolas Berggruen

Heinz et Nicolas Berggruen: le pouvoir de l’art

Alors que le musée éponyme, fleuron culturel berlinois, subit une cure de jouvence jusqu’en 2025 et que ses prestigieuses collections, constituées par le grand marchand parisien Heinz Berggruen, sont de retour dans la ville qui les a vus réunies, un de ses fils, Nicolas, inaugurait au printemps dernier un palais à Venise. L’occasion de se pencher sur ce double héritage.

TEXTE: Christophe Dosogne

Cédée en 2000, pour 253 millions de marks (126 millions d’euros) à l’État allemand, la centaine de chefs-d’œuvre de Picasso, Klee, Matisse ou encore Giacometti, désormais exposés en face du château de Charlottenburg, dans l’un des musées les plus courus de la capitale allemande, débarque cet automne au musée de l’Orangerie, à Paris. Elle témoigne du rôle majeur de cet acteur du marché de l’art parisien de la seconde moitié du XXe siècle que fut Heinz Berggruen (1914-2007). Né dans une famille juive berlinoise, après des études littéraires et journalistiques en France, celui-ci s’exile en Californie en 1936. Il a ses premiers contacts avec le monde de l’art au San Francisco Museum of Modern Art où, à l’occasion d’une exposition de l’artiste mexicain Diego Rivera, il entretient une relation « torride et inconfortable » avec son épouse, Frida Kahlo. Un épisode passionné sur lequel il s’étendra longuement dans son autobiographie, parue en 1997. Engagé en 1942 dans l’armée américaine, c’est sous l’uniforme qu’Heinz Berggruen retrouve l’Allemagne en 1945. Démobilisé, il choisit de s’établir à Paris, en 1947, un temps comme employé au siège de l’UNESCO, puis comme marchand d’art. Ses débuts furent modestes : d’abord installé place Dauphine, il négocie des lithographies, puis s’établit rue de l’Université où il se spécialise dans les arts graphiques des artistes modernes.