Foam Talent

Un désir de photographie:
Foam met les jeunes talents à l’honneur

Chaque année, les yeux sont rivés sur le Musée de la Photographie d’Amsterdam pour l’événement Foam Talents, exposition qui met en valeur les talents photographiques émergents. Comment les commissaires choisissent-ils les participants, pourquoi cette sélection de talents est-elle prisée à l’international et que peut nous apprendre Foam sur les collections de photographie ? COLLECT s’en est enquis auprès des initiateurs de cet événement.

TEXTE: ELENA LOMBARDO

Chaque année, Foam lance un appel aux talents, avec l’intention de dénicher des personnalités significatives dans la tranche d’âge des 18 à 35 ans. Les photographes sélectionnés peuvent alors se préparer à une introduction au niveau international et à une reconnaissance future. Cet appel aux talents s’inscrit parfaitement dans la mission du musée, qui vise à rendre accessible, au plus large public possible, toutes les facettes de la photographie. La commissaire Mirjam Kooiman explique : «La découverte et la présentation de jeunes artistes actifs dans le domaine de la photographie a toujours constitué une dimension essentielle des activités du Foam. Pour les photographes, l’événement Foam Talent est l’occasion d’exposer leur travail à une très large audience, par le biais du magazine international Foam Magazine Talent Issue, ainsi que lors de l’exposition itinérante. Ces dernières années, Foam Talent fut présenté dans des villes comme Berlin, Bruxelles, Dubaï, Francfort, Londres, New-York et Paris. Par l’intermédiaire de cette sélection d’une nouvelle génération d’artistes, Foam présente sa propre vision des différents (et souvent surprenants) développements de la photographie contemporaine. »

Hashem Shakeri, image de la série An Elegy for the Death of Hamun. Foam Talent, 2020. © de l’artiste
Un tremplin vers d’autres opportunités

Le fait que Foam Talent permette d’offrir une plateforme de renommée internationale aux artistes, à un stade précoce de leur carrière, a tout à avoir avec le ‘degré d’exposition’ dont jouit le projet. Le musée veille à planifier l’exposition internationale itinérante en même temps que des événements photographiques de grande envergure, tels que Paris Photo ou encore Photo London. En octobre, Foam Talent fut présenté pour la toute première fois à Berlin, à l’occasion du Mois Européen de la Photographie. Mirjam Kooiman précise : « Talent agit vraiment comme un tremplin vers le monde professionnel. Certains photographes sélectionnés sont à peine diplômés, d’autres se situent déjà à un stade plus avancé de leur carrière, mais chacun d’eux espère pouvoir profiter d’une exposition suffisante afin d’être en mesure de construire une carrière durable. Dans cette optique, nous présentons leur travail auprès d’un vaste éventail de professionnels et de collectionneurs, pouvant ainsi conduire à la vente de leurs œuvres, à des présentations en galeries ou à leur participation à d’autres expositions. Pour certains photographes, la présence dans ce projet a déjà suscité des collaborations avec d’autres entreprises actives dans le milieu de la création, comme avec des créateurs de mode, tout aussi bien qu’avec divers médias comme le magazine photographique DAZED. Tout ceci est très motivant. Nous continuons bien sûr à suivre nos ‘talents’, et ce ne serait pas la première fois qu’un photographe sélectionné par Talent ait l’opportunité de pouvoir organiser une exposition solo au sein du Foam. Qui plus est, ce projet constitue également une belle carte de visite pour notre institution. Grâce à la renommée internationale du Foam, nous souhaitons faire la promotion de ce que nous pensons devoir absolument être vu dans le domaine de la photographie, à l’heure actuelle. »

Karla Hiraldo Voleau, image de la série Hola Mi Amol. Foam Talent, 2020. © de l’artiste
Sélection réfléchie

L’avenir prometteur que peut offrir Foam à ces nouveaux talents a conféré au projet une large résonance auprès des jeunes photographes.Pour l’édition 2020, l’institution a reçu plus de 1600 candidatures en provenance de 70 pays. Dix-neuf d’entre elles ont été sélectionnées par les éditeurs de Foam Magazine pour devenir les talents de 2020. Cette sélection est opérée de manière très réfléchie. « Pour la sélection de nos talents, nous recherchons toujours une vision artistique forte et une utilisation originale du medium. Nous tâchons toujours de proposer une grande variété de styles dans la sélection des artistes, allant de la photographie documentaire aux créations digitales. Rien n’est exclu tant que le travail présenté se rapporte à la photographie. En outre, nous gardons un œil attentif sur une large diffusion géographique, de sorte à pouvoir être à la hauteur de la réputation de Foam Talent qui se doit de refléter une vision globale du monde de la photographie. » Par conséquent, l’édition 2020 met en vedette de jeunes photographes originaires de France, d’Irlande et d’Ita- lie, comme par exemple Karla Hiraldo Valeau (1992), dont le travail traite des rôles identitaires et des genres ou la photographe documentaire Simone Sapienza (1990). Nous accueillons aussi des artistes d’autres parties du monde, comme l’Afrique, les Etats-Unis ou l’Asie. L’artiste nigériane multimédia Rahima Gambo (1986), l’autodidacte thaïlandaise Kamonlak Sukchai (1994), le jeune talent canado-ghanéen Luther Konadu (1991), l’Américain Philip Montgomery (1988) ou encore l’Iranien Hashem Shakeri (1988), un artiste déjà bien établi qui, en sus de la photographie, réalise également des films.

Rahima Gambo, image de la série Education is Forbidden. Foam Talent, 2020.© de l’artiste
Sujet brûlant d’actualité

« J’ai travaillé avec chacun des photographes dans le but de développer la présentation de leur travail dans le cadre de l’exposition de groupe. Cette manière d’interagir crée, bien entendu, un lien particulier, étant donné qu’ils partagent avec vous les idées intimes qui se cachent derrière leur travail. Cependant, pour moi, la col- laboration avec Philip Montgomery fut la plus marquante car il se concentre depuis de longues années sur la disparition de l’American Dream. Selon lui, ce processus a débuté par le meurtre de Michael Brown par des policiers, à Ferguson en 2014, ainsi que par les manifestations qui découlèrent de ce tragique événement. En outre, il évoque aussi tant la crise des opiacés, qui a causé de nombreux morts aux Etats-Unis, que l’inondation de l’ouest de Houston. Alors que, lors du premier confinement, nous travaillions à l’exposition au cours du premier confinement, de plus en plus d’images nous parvenaient, allant des manifestations du mouvement Black Lives Matter, suite au meurtre de George Floyd, à la crise dans les hôpitaux new-yorkais, provoquée par la violente flambée de Covid-19. Ces images, terriblement touchantes, continuaient sans cesse à nous parvenir. Ses images sont cinématogra- phiques, comme si vous vous trouviez au beau milieu d’une scène de film, pour finalement vous rendre compte qu’elles représentent une terrible réalité. »

Micha Serraf, image de la série Untitled. Foam Talent, 2020. © de l’artiste
Une œuvre photographique chez soi

Par sa mission de rendre accessible l’ensemble des facettes de la photographie à un très large public, Foam permet aux amateurs de pouvoir également s’offrir une œuvre photographique. L’institution vend aussi d’œuvres photographiques, et propose chaque année quelques tirages limités des Foam Talents dans sa propre galerie, Foam Editions. Sa directrice se réjouit de pouvoir aider les collectionneurs débutants : « Leur tout premier achat représente toujours un moment palpitant. Va-t-on, dans 10 ans, toujours aimer l’image que l’on décide d’acheter aujourd’hui ? Après réflexion, il est peut-être plus prudent de commencer par acquérir une œuvre peu onéreuse car il y a de grandes chances que votre goût évolue dans le futur. En outre, il est recommandé de tout d’abord ouvrir son horizon en lisant et en découvrant différents styles afin d’affiner vos préférences. Une bonne manière de débuter une collection est de, par exemple, acquérir l’édition spéciale d’un livre de photographies dans une édition signée et numérotée. Ils sont souvent de petite taille et peu chers, vous évitant ainsi de réaliser, le cas échéant, un mauvais investissement. Un livre confère également un certain contexte aux photos qu’il contient. » Klösters conseille à tous les passionnés de visiter de nombreuses expositions et de dialoguer avec les galeristes lors de différents salons. « Lors de foires comme Unseen, on a souvent l’occasion de rencontrer les artistes et de dénicher des œuvres abordables, éditées à un nombre limité d’exemplaires. De cette manière, on peut constituer une collection répondant en- tièrement à ses goûts personnels. Les préférences de chaque collectionneur sont différentes. Si on collectionne les portraits, je conseillerais d’acqué- rir des œuvres classiques d’August Sander ou, si votre budget est plus conséquent, de Rineke Dijkstra ou de Malick Sidibe. Le plus important est de conserver ces impressions dans du papier non acide ou de faire réaliser un encadrement de qualité, vous permettant de lui donner une place de choix sur un mur et de pouvoir l’admirer à sa propre valeur ! »

BEZOEKEN
‘Foam Talent’
Foam Amsterdam
jusq. 21-04

Afin d’offrir une plateforme aux différents photographes, le musée lance aussi l’exposition digitale Foam Talent | Digital. Inscription obligatoire sur :
www.foam.org
jus. 21-04

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